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Être maître de son destin en choisissant la voie de la responsabilisation

Article écrit par Rachel Vieira Gomes à partir des propos recueillis lors de la conférence « Entre victime et sauveur, choisir la voie de la responsabilisation et de la guérison » donnée par Lucien Essique à Luxembourg le 16 mai 2014.
Être maitre de son destin en choisissant la voie de la responsabilisation
Êtes-vous du genre à passer votre journée à vous plaindre et à débiter tous vos soucis, maux et maladies? Ou peut-être êtes-vous toujours disponible pour prêter main forte dans le but de satisfaire autrui pour finalement vous lamenter parce qu'on ne vous rend pas la pareille ? Ou bien êtes-vous plutôt enclin à des accès de colère emplis d'humiliations envers les autres ?
Victime, sauveur et persécuteur ; trois rôles que nous avons tendance à adopter inconsciemment avec notre entourage familial, amical et professionnel. Lucien Essique, thérapeute et consultant en relations humaines, a animé une conférence à Luxembourg le 16 mai, proposée par l'asbl Een Häerz fir kriibskrank Kanner, au cours de laquelle il a présenté ces rôles comme étant source de souffrances aux conséquences graves pour notre santé et pour notre bien-être. Pour développer des relations harmonieuses, le formateur, propose la voie de la responsabilisation, basée sur une bonne estime de soi.
La victime
La personne qui adopte la position de victime base sa communication sur l'exposition de ses problèmes et de ceux de ses proches. Elle se complaît dans cet état alimenté par un flux de plaintes et rend les autres responsables pour la plupart de ses malheurs. La victime a toutes les « chances » d'attirer à elle un sauveur ou un persécuteur.
Le sauveur
Débordant d'amour, il ne demande qu'à en donner aux autres. Très affecté par les soucis de ses proches, il pense qu'il peut les sauver et les guérir de tous leurs maux. Le sauveur dépense toute énergie à tenter de résoudre, en vain, les problèmes des personnes de son entourage et oublie ses propres besoins.
Le persécuteur
Il dépose sa souffrance intérieure et toute la colère qu'il ne sait pas gérér sur les autres. A l'instar d'un tyran, il a tendance à s'imposer avec une attitude autoritaire, voire agressive et manipulatrice. Le persécuteur attire souvent la victime, laquelle va renforcer sa position en se laissant dominer. Il attire aussi le sauveur qui se donnera pour ambition de le libérer de ses démons, espérant gagner son amour.
Les racines des rôles
Si les rôles de ce « triangle dramatique » sont nocifs et rendent tous les acteurs malheureux, il n'y a cependant aucun jugement à porter sur ces comportements généralement automatiques et inconscients. « Adopter l'une ou l'autre de ces positions ne fait pas de nous de mauvaises personnes. Nous faisons de notre mieux pour avancer sur le chemin de la vie encombrés par nos bagages.
En effet, les souffrances et les conflits non réglés de nos ancêtres qui nous ont été transmis par les gênes, les ressentis douloureux pendant la vie intra-utérine, le traumatisme de la naissance ou encore les blessures de l'enfance, liées par exemple à notre éducation, sont autant d'origines possibles de ces rôles.
« Prenons l'exemple d'un accouchement difficile. L'expérience douloureuse risque de s'inscrire dans l'inconscient de l'enfant qui pourra se sentir coupable de la souffrance infligée à sa mère. Il est possible qu'il développe une profonde colère contre lui-même et qu'il prenne le rôle du persécuteur par rapport à sa mère-victime. Cette mémoire traumatique, à défaut d'être désamorcée, pourra conduire à des relations conflictuelles à vie entre mère et enfant.
La voie de la guérison : Etre responsable
Une fois que nous sommes en mesure d'identifier ces rôles, que pouvons-nous faire pour nous en libérer ? Lucien Essique donne une première réponse en citant l'adage suivant : Nous ne sommes pas toujours responsables de ce qui nous arrive dans la vie mais nous sommes toujours responsables de ce que nous en faisons. Il nous invite à prendre la responsabilité de notre vie, de nos choix, de nos pensées et de nos ressentis. « Nous ne pouvons pas passer notre vie à donner la faute au monde extérieur quand nous sommes contrariés. De la même manière que nous n'avons pas à nous sentir responsables de la vie et du bonheur des autres. En fait, chacun ne peut agir que sur son « bout » la relation. »
A propos de la relation, l'auteur soutient que celle que nous entretenons avec nous-mêmes est la plus importante. Quand elle est saine, empreinte d'amour et fondée sur une bonne estime de soi, nous agissons dans le respect de nos besoins et sommes à même de nous affirmer en posant nos limites aux autres. Car au-delà des besoins primaires physiologiques, il y a d'autres besoins que nous devons satisfaire pour être heureux, par exemple celui d'être entendu, d'être utile, de se sentir en sécurité ou encore de s'exprimer.
Pour illustrer ces propos, prenons d'abord le cas de la victime. Cette personne, en manque d'amour, attend des autres qu'ils comblent ses besoins à sa place. Profondément fragilisée par ses blessures, elle a très peu d'estime pour elle-même. « Il y aurait sans doute bien moins de bourreaux s'il y avait moins de victimes. La victime adhère inconsciemment à cette forme de communication. En restant dans la relation, elle accepte d'être persécutée. », souligne Lucien Essique.
Les nombreuses plaintes adressées à ses interlocuteurs ne sont en réalité que des demandes masquées sous forme de reproches. La victime doit prendre soin de ses besoins et veiller à les satisfaire. Cela implique qu'elle prenne la « responsabilité » de les exprimer et de formuler des demandes claires à l'attention de son entourage.
Quant au sauveur, qui existe à travers son souci de satisfaire autrui, « il n'a aucun pouvoir de changer les autres. », explique Lucien Essique. « En assistant de manière inconditionnelle celui qu'il veut sauver, il créé une relation de dépendance qui ne fait que maintenir l'autre dans sa souffrance. »
Il ne s'agit en aucun cas de dire qu'on ne doit pas aider ceux qui en ont besoin. Bien au contraire. Mais aider ne veut pas dire régler les problèmes des autres. Aider c'est avant tout donner à la personne en détresse des ressources pour qu'elle soit en mesure de régler ses problèmes toute seule. En adoptant une attitude responsable, nous apprenons à dire non face aux attentes extérieures. Nous comprenons que notre rôle en tant que parent, conjoint ou ami, n'est pas de faire à la place de l'autre mais de le responsabiliser à son tour.
Lucien Essique
Le conférencier conclut : « Le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu'un est de l'aider à devenir son propre thérapeute ! »
L'asbl « Een Häerz fir kriibskrank Kanner » propose une série de conférences thématiques animées par l'auteur et thérapeute Lucien Essique destinées aux membres et aux familles de l'asbl mais aussi ouverte à toute personée intéressée par ces sujets.
Pour approfondir :
Bibliographie :
Les constellations familiales. Un chemin vers l'acceptation de soi – Editions Dangles
Soigner les blessures de l'enfance pour suivre son chemin de vie – Editions Dangles
Ateliers de constellations familiales : thérapie familiale transgénérationnelle basée sur la mise au jour de l'inconscient familial: www.lucien-essique.fr
Rachel Vieira Gomes